BENJAMIN MILLEPIED, JEROME ROBBINS, GEORGE BALANCHINE nouveau spectacle
Avec George Balanchine et Jerome Robbins, c’est à ses maîtres que Benjamin Millepied a souhaité rendre hommage : hommage à deux très grands chorégraphes, tous deux d’origine russe, qui ont emmené l’école américaine et la danse en général vers des sommets rarement atteints. Avec Opus 19 / The Dreamer, le répertoire du Ballet de l’Opéra s’enrichit d’une pièce d’une grande élégance sur le Concerto pour violon n°1 de Serguei Prokofiev. Le rêve éveillé d’un jeune homme et son contrepoint irréel imaginés par Jerome Robbins en 1979.
Comme en regard, la reprise de Thème et Variations de George Balanchine, sur la musique de Piotr Ilyitch Tchaikovski, montre une autre facette de la danse outre-Atlantique. Ce ballet de groupe classique et virtuose, l’un des plus difficiles du répertoire, se veut aussi un hommage au Ballet impérial de l’ancienne Russie et à son maître le plus célèbre : Marius Petipa. Entre ces deux chefs-d’oeuvre, Benjamin Millepied a conçu un ballet présentant à la fois la compagnie et son projet pour la danse à l’Opéra de Paris. Fruit d’une collaboration artistique avec le compositeur Nico Muhly, cette création très contemporaine veut aussi montrer l’excellence de la technique classique et son importance pour la danse aujourd’hui.

BALLET
CLEAR, LOUD, BRIGHT, FORWARD
CRÉATION MUSIQUE Nico Muhly
CHORÉGRAPHIE Benjamin Millepied
SCÉNOGRAPHIE United Visual Artists
COSTUMES Iris Van Herpen
LUMIÈRE Lucy Carter
OPUS 19/THE DREAMER
ENTRÉE AU RÉPERTOIRE MUSIQUE Serguei Prokofiev (Concerto pour violon n°1 en ré majeur)
CHORÉGRAPHIE Jerome Robbins
VIOLON Frédéric Laroque / Maxime Tholance
AVEC LE SOUTIEN DE THE AMERICAN FRIENDS OF THE PARIS OPERA & BALLET/FLORENCE GOULD ARTISTS FUND
THÈME ET VARIATIONS
MUSIQUE Piotr Ilytch Tchaikovski
CHORÉGRAPHIE George Balanchine
Les Étoiles, les Premiers Danseurs, le Corps de Ballet et les élèves de l’École de Danse.
DIRECTION MUSICALE Maxime Pascal
Orchestre de l’Opéra national de Paris
12 représentations du 25 septembre au 11 octobre 2015
George Balanchine (1904-1983) et Jerome Robbins (1918-1998) se sont rencontrés en 1948 à New York. Tous deux partageaient un même amour du ballet classique, le goût de la comédie musicale et du cinéma. I lls possédaient surtout le don rare de visualiser la musique et de la traduire par le mouvement. Leur collaboration dura plus de trente ans, Robbins devenant dès 1950 l’adjoint de Balanchine à la direction du New York City Ballet, avant d’assurer, avec Peter Martins, la codirection de la compagnie après la mort de Mr B. en 1983. Ils surent – l’un dans une veine abstraite et rainée, l’autre dans un registre plus contemporain – insuler une énergie nouvelle à la danse académique, qui gagnera également les rives de l’Opéra de Paris avec lequel ils ont su entretenir des liens privilégiés. Une complicité qui perdure malgré leur disparition puisque le Ballet de l’Opéra donne, en juin 2014, de nouveaux atours au Palais de cristal, première création de Balanchine pour l’Opéra de Paris en 1947.[…] […] Les ballets de George Balanchine et de Jerome Robbins continuent ainsi d’occuper une place de choix dans la programmation de l’Opéra de Paris. Quelle preuve plus évidente de la permanence des liens qui unissent le Ballet à ces deux chorégraphes et de la qualité de leurs œuvres, qui en a fait des classiques du XXe siècle ? Par ailleurs, la récente nomination à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris de Benjamin Millepied, danseur « Principal » du NYCB, élève de Jerome Robbins (et comme l’avait été avant lui Violette Verdy qui, après avoir quitté le NYCB pris la direction de la troupe parisienne de 1977 à 1980) ne peut que renforcer d’avantage leur empreinte sur le Ballet de l’Opéra de Paris. BALANCHINE ET ROBBINS À PARIS (extraits) Jérôme Maurel
La musique de Thème et Variations n’a pas été composée pour le ballet, mais dès qu’on l’écoute, on pense immédiatement à la danse – George Balanchine
Balanchine présente pour la première fois Thème et Variations en 1947, au Ballet Theatre (futur American Ballet Theatre – ABT), dans les décors et costumes de Woodman Thompson. Pour la reprise en 1960, au New York City, Balanchine place Thème et Variations dans le décor et les costumes de de Symphonie in C. Balanchine a remonté l’œuvre en 1970 en la faisant précéder des trois premiers mouvements de la Suite n°3, et en coniant, cette fois, décors et costumes à Nicolas Benois, le ils du librettiste et décorateur de Petrouchka, Alexandre Benois. « Le style du ballet Thème et Variations rappelle la manière de Marius Petipa. Il faut préciser qu’en efet, Balanchine, contacté par Lucia Chase et Olivier Smith, directeur du Ballet Theatre, avait accepté la proposition de Max Goberman, à l’époque directeur musical, de réaliser sur Tchaïkovski une chorégraphie « qui pourrait être une sorte de Princesse Aurore » La partition Tema con varaizioni – dernier mouvement de la Suite n°3 pour orchestre – , présente une aria suivie de onze variations, dont la dernière est une grande polonaise, qui revient trois fois crescendo (le caractère dansant de cette musique – composée en 1884 – est irrésistible et contient déjà une rigueur formelle, que l’on retrouvera six ans plus tard dans La Belle au bois dormant). « Pour ce ballet Balanchine a construit une hiérarchie de type classique avec, en tête, la ballerine et le danseur noble, suivis de quatre demi-solistes (un rappel des fées de La Belle), huit danseuses du corps de ballet (peut-être els demoiselle de la Cour) et leurs partenaires (cavaliers). La chorégraphie reprend le même microcosme féminin que La Belle. Souvenir de la « scène de la vision » de Petipa, les douze danseuses de Thème et Variations se déploient en guirlande, s’enlaçant dans le labyrinthe d’un jardin formel (troisième variation). L’image se poursuivra dans la ronde plus nostalgique et rêveuse des danseuses et de la ballerine (septième et huitième variations). Thème et Variations recourt à un minimum de moyens pour produire un maximum d’efet : les variations ne sont que le développement élaboré de pas de base de la danse classique. Qui d’ailleurs, à part Balanchine, aurait pensé » ouvrir un ballet par un battement tendu, l’exercice le plus ordinaire et élémentaire ? Dans le premier solo du danseur, on reconnaît les diverses possibilités de l’exercice simple d’un tendu avec port de bras, qui est exposé au début du Thème : le danseur oscille de droite à gauche, et d’avant en arrière, avec des petits sauts. La seconde variation (n°6 de la partition) commence avec des ronds de jambes sautés, en alternance avec des piqués balancés en attitude, suivis de tours en l’air coupés de pirouettes. Dans l’adage de la huitième variation, la ballerine, soutenue par le corps de ballet, développe sa jambe dans plusieurs directions, comme elle le fait quotidiennement à la barre. Ensuite, dans son fulgurant allegro ‘neuvième variation), elle repasse en condensé tout le matériel chorégraphique du rôle d’Aurore : sauts de chat, pirouettes, tendus en quatrième position, tandis que les bras changent de direction jusqu’au inale de pas courus. Et quand Balanchine remonta Thème et Variations en 1970 pour le New York City ballet, il y ajouta des « gargouillades », à l’attention de Gelsey Kirkland. » LE BALLET ARLENE CROSE